"Une foule élégante se pressait sur la place de la Comédie devant l’immense bâtiment surmonté d’un demi-cylindre de verre et d’acier. Entrée majestueuse. Salle décorée dans un camaïeu de noirs profonds ou brillants. Contrastes entre le néoclassique et le moderne, entre le plein et le vide, entre le rouge et l’or. Acoustique grandiose. L’Opéra de Lyon." (page 74)
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"Il arriva dans les faubourgs de Lyon et poireauta dans un embouteillage sur les quais rive droite, grand classique. Il atteignit le premier arrondissement vers sept heures et mit une bonne demi-heure à trouver une place pour se garer. Finalement, il en trouva une magnifique près du quai André Lassagne, côté Rhône. Une vraie place, même pas sur un passage piétons, même pas pour livraison, même pas pour handicapé.
De très bonne humeur, il traversa les quartiers pittoresques de la presqu’île pour atteindre la place Chardonnet où il repéra sans difficulté « Le bouchon du sapeur ».
Il poussa la porte ornée d’un rideau bonne femme et pénétra dans le minuscule bar-restaurant. Dans une odeur dominante de lentilles cuites, quelques personnes semblaient sorties tout droit d’un film d’Henri Decoin." (page 168)
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"L’homme boitait. Il se dirigea à une allure néanmoins étonnante vers des escaliers qui menaient dans une rue six ou sept mètres plus bas. La nuit noire répondait à l’humidité de la presqu’île. Les réverbères renvoyaient une lumière jaune et satinée. Quentin le suivit, intrigué par le manège, amusé devant l’imprévu, curieux à l’idée de ce qu’il allait découvrir.
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Une mobylette passa dans un grand bruit d’insecte butineur et poursuivit sa route. 21 heures, l’homme tourna à droite dans la rue Burdeau, puis à gauche devant des escaliers abrupts qui donnaient sur la monumentale église Sainte-Polycarpe. Le boiteux prit à droite la rue Leynaud, jusqu’au numéro 14 où il composa un code, ouvrit une porte, et passa sous un escalier pour arriver dans une cour intérieure. Un chat déguerpit vers un soupirail. Immeuble de style canut, large porte, vaste montée d’escalier." (page 172 - 173)
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"Ils continuèrent tout droit dans un couloir éclairé d’une lampe crasseuse et sortirent par une porte en plein cintre. Rue des Capucins. Des amoureux se serraient sous un porche et provoquaient une buée rassurante. Au 22, double porte pour arriver sur une autre cour. Des barreaux aux fenêtres du rez-de-chaussée protégeaient ce qui devait être des ateliers de tissage. Traversée de la cour, descente d’un demi-étage, lourde porte. Rue Coustou, numéro 5." (page 173)
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"Gauche. Droite. 15 rue Romarin. Bâtiment modeste, graffitis, porte étroite, minuterie détraquée, sombre goulet. L’homme alluma son briquet. La flamme éclaira un couloir et, sur la droite, un passage rétréci. Quelques marches de bois à monter. Grincements sinistres. Porte, escaliers étroits entre deux hautes bâtisses. Tags vengeurs, batailles de mots et de signes entre bandes rivales sur les murs. Arrivée rue Terraille, puis montée de la rue Saint-Claude à gauche.
Au numéro 3, une lourde porte s’ouvrit sur « la grande maison Ricard », un immeuble îlot bien restauré dont la cour carrée abritait quelques arbres. Quentin se demanda pourquoi le boiteux prenait tant de précautions. Une réponse pouvait tenir au vieil adage « à bon rat, bon chat ». S’il connaissait par cœur les traboules de cette partie du vieux Lyon, d’autres pouvaient aussi les connaître. Et parmi les autres, il y avait les flics." (page 173 - 174)
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"Le lieutenant tourna les talons et, juste avant de refermer la porte, il lança :
— Morituri te salutant !
— Ça tombe bien, la rue des Macchabées est à deux pas de chez vous ! lui répondit Fleury sans le moindre sourire.
Dufour retourna donc dans le 5e arrondissement, place Saint-Alexandre, où il avait un appartement très modeste. Une drôle d’impression le submergea. Il disait ne pas avoir peur et il était mort de peur. Il prétendait être vivant et il se savait mort.
Vers quinze heures, il arriva sur le palier du deuxième étage. Inutile de sortir les clés – il s’en doutait – la porte avait été forcée. À l’intérieur, il découvrit un désordre apocalyptique. Les collègues de la brigade avaient dû fouiller, les malfrats avaient dû fouiller, les voisins avaient dû fouiller. Et emporter." (page 271)
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Voir aussi les lieux du roman en Ardèche :
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