Un article de Michel FROMENTOUX dans l'Ardèche Parisienne, organe de la SOCIÉTÉ AMICALE DES ARDÉCHOIS À PARIS (fondée en 1890) n°1069 - hiver 2012

/Arts et lettres/ page 6/
Quand mille maux fléchés sombrent sur notre Ardèche
Alain Bron, de père franc-comtois et de mère italienne a été tour à tour un enfant des rues, un spécialiste du management matriciel, un sociologue et un amoureux de l’Ardèche qui lui sert de cadre à de nombreux romans, nouvelles et polars. Quand il choisit pour héros de son nouveau roman le pigiste de mots fléchés Quentin Cherrier, prévoyait-il lui-même quelles sordides
aventures il allait faire vivre à son personnage ? Celui-ci habite un hameau au fin fond de l’Ardèche.
Dans sa montagne, il vit seul, avec sa chatte Cléopâtre. Un beau jour d’hiver, un homme, pas très
loin de chez Quentin, se fait tuer à coup de fusil de chasse. Le voisin, Élie, assez mauvais caractère, est accusé du meurtre, mais la famille croit dur comme fer qu’il est innocent. Elle demande à Quentin de rétablir la vérité. Celui-ci hésite, car les enquêtes ce n’est pas son point fort, mais il finit par accepter pour les beaux yeux d’Elsa, une femme magnifique. Quentin commence son enquête, et là, des événements inattendus se produisent dans la vallée. Il se trouve dans un pétrin innommable avec des malfrats de la pire espèce. Car le roman n’est pas à l’eau de rose ; il mêle
des truands à une histoire rurale, il fait entrer en collision l’actualité du banditisme et le passé du pays, lequel se souvient des guerres de religion comme si c’était hier. En somme c’est le roman du choc des civilisations entre une France profonde qui prend le temps de vivre et une France qui s’excite pour un rien, entre les familles stables de naguère et les familles compliquées d’aujourd’hui, entre un art de vivre sagement et la fureur de vivre désordonnée, entre un humour bon enfant et des péripéties calculées. Alain Bron prend un certain plaisir à narrer par des flashes rapides les aventures de différents protagonistes qui ne se rencontrent pour ainsi dire jamais ; il prépare ses coups de théâtre, tout en laissant le lecteur entrevoir des indices et avoir seul une vue d’ensemble,
avant qu’il se fasse peu à peu une idée de la fin, tandis que Quentin crapahute dans les vallées,
s’épuise dans les traboules de Lyon, subit l’âpreté de la vie en montagne, apprenant beaucoup
sur les relations humaines dans la montagne ardéchoise au moment où l’agriculture se meurt, où les
services publics disparaissent et où l’on doit faire parfois des kilomètres pour trouver du pain, se
faire soigner ou poster une lettre. Les tribulations de Quentin ne sont que des astuces trouvées par
Alain Bron pour étudier un lieu de vie.
Dans un dialogue imaginé sur internet (http://www.livresque-du-noir.fr), il s’en explique avec son héros. «C’est vrai, mon cher héros. Je ne condamne pas. Je ne m’attaque pas à des cibles, je les observe, je les mets en mouvement, je provoque une alchimie entre leur position sociale et leur vie sentimentale. Et comme dans mes autres romans, il arrive que dans le même chapitre
je passe du badinage à la cruauté sociale, du drame personnel à l’humour. Voyez-vous, Quentin, la
vie n’est pas toute noire ou toute blanche. Mes polars non plus ».
Le résultat est un polar de grande qualité, qu’il faut lire pour sentir vivre l’âme ardéchoise en ce qu’elle a de plus profond et de plus fidèle aux anciens, mais qui n’aime guère être bousculée.
Michel Fromentoux
* Alain Bron : Maux fléchés,
300 pages, 20 €.
E-mail : [email protected]
Comment se procurer "Maux fléchés" :
http://alainbron.ublog.com/alain_bron_auteur/2011/07/comment-se-procurer-maux-fl%C3%A9ch%C3%A9s.html

Le site internet de la Société Amicale des Ardéchois de Paris :
http://www.ardechoisaparis.org
Le numéro de L'Ardèche Parisienne est visible sur :
http://www.ailhon.fr/IMG/pdf/Ardeche_Paris_N1069.pdf
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