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Couverture du roman
La photo est prise à l'entrée du boulevard périphérique de la Défense, côté Courbevoie
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"Il décida donc de sortir et de s’aventurer vers le Marais. Il y connaissait un bistro où les chiens et les piliers de bar étaient acceptés pourvu que les uns n’aboient pas et que les autres aient de la conversation. Alors, en route pour Le Celtic, rue Rambuteau."
Le Celtic, Paris 4ème, angle rues Rambuteau et du Temple
"Gérard Gaillac resta au lit les deux bras croisés derrière la tête. Il avait dix minutes pour faire le point sur la journée. Pour une fois pas de déplacement. Ni à l’étranger, ni en province, ni en banlieue. Le Président Directeur Général de la Multi Média Services passerait la journée à la Défense, siège de la société."
L'Arche de La Défense, Paris La Défense
Le parvis ouest de la Dédense
"Aussitôt la réunion achevée, Thomas décida de prendre l’air malgré la pluie qui tambourinait sur les vitres de l’immeuble. Il avait besoin de temporiser et de « voir » plus loin, comme il disait. Guidé par Duguesclin, il marcha beaucoup plus longtemps que d’habitude, vers le parvis de La Défense cette fois. Il choisit un endroit à l’abri près de la sculpture de Calder, s’adossa à un mur et laissa gambader son esprit. Subitement, un frisson le prit, une lueur blanche dansa devant ses yeux."
Parvis de La Défense, Sculpture de Calder
"L’Antillaise reprit son cri d’épouvante en se cognant la tête contre la vitre blindée. Thomas calma son chien d’une caresse sur le flanc.
— … Y a aussi un couple enlacé dans un œuf, une grande raie manta avec, au centre, le visage d’une femme, et puis un soleil et des fossiles, on dirait. Voilà.
— À votre avis, pourquoi cette femme se lamente-t-elle ?
— On dirait qu’elle flippe devant le couple enlacé. J’ai l’impression qu’elle pleure un mort ou qu’elle implore le retour de son amoureux ou peut-être qu’elle se mortifie parce qu’elle se sent coupable de quelque chose…"
Station Châtelet - Les Halles, Paris 1er
"Marie-Laure et son mari travaillaient pour la ville de Paris. Elle était employée à l’État Civil de la mairie du 1er arrondissement, lui aux services techniques. Pas vraiment au CAC 40, les époux Golinski. Ils avaient patienté douze ans avant de louer ce trois-pièces rue du Cygne, à deux pas des Halles. Un quartier bruyant, mais bien pratique, car on pouvait sans danger traverser la zone piétonnière et attraper directement le RER ou le métro."
"Arrivé devant la porte, il s’apprêtait à ouvrir, quand, par une pulsion inexplicable, il décida de continuer vers la rue Saint-Denis. Devant l’église Saint-Leu, il monta quelques marches, puis poussa le battant. Les lieux possédaient cet écho ample, cette odeur d’encens si particuliers, et aussi ce silence, unique, respectueux, à peine troublé de murmures fervents. Il toucha sur sa gauche une colonne de pierre froide et lisse, avança de deux pas, buta sur un banc de bois et s’y assit. "
Eglise Saint-Leu, rue Saint-Denis, Paris 1er
"À la station Liège, elle descendit et attendit sur le quai que la rame reparte. Marc lui fit un signe. Le bras tendu, la paume de la main face à elle. Anne lui répondit d’un geste hésitant et d’un sourire un peu triste."
Paris, Métro ligne 13, station Liège
"L’escalier mécanique se trouvait sur la droite. Thomas entendait sa machinerie régulière. Un type à la voix éraillée s’approcha. « Je peux vous aider ? ». Thomas ne répondait jamais non, même s’il connaissait le parcours. « Oui, avec plaisir ! ». L’homme le prit par le coude droit et avança d’un pas sur la marche mouvante. Thomas suivit. Le chien s’assit à sa gauche. Le dénivelé de l’escalier était très important. Au moins quarante secondes de descente en temps normal. Un jour de panne, Thomas avait compté soixante-six marches très hautes."
Escalier mécanique de la station Châtelet-Les Halles, porte Lescaut, rue Lescaut, Paris 1er
"Thomas sortit de chez lui et se dirigea vers les Halles, labyrinthe souterrain dans lequel Duguesclin le guida d’un pas débonnaire. Il arriva sans encombre à l’entrée du RER A. Quarante marches, puis, à droite, le quai. La rame allait arriver. Thomas le sentait à ses cheveux soulevés par l’air poussé dans le tunnel. Grincement des freins. Torture des tympans. Ouverture pneumatique des portes. Inutile de chercher une place assise à cette heure de la matinée. Il préféra rester debout face à la sortie en se tenant au montant d’un siège."
"De sa fenêtre, elle voyait l’église Sainte-Marie
des Batignolles, son péristyle et son minuscule
clocher. Le dimanche après-midi, elle prenait
plaisir à observer les gens qui déambulaient sur
la place Félix Lobligeois. Pour chaque personne,
elle imaginait sa vie, son histoire et ses
relations avec les autres passants. Elle les avait
surnommés. Nini la frisette, le duc d’Enghien,
Paulo des Halles, le secrétaire d’État au budget,
Jean Jaurès, les parents de Kierkegaard…
Aude rêvait secrètement d’être romancière."
Place du Docteur Félix Lobligeois, Paris 17ème.
A Gauche l'église Sainte-Marie des Batignolles
"Deuxième trou. Martichon réussit en trois
coups, Gaillac en cinq. Gérard se demanda
où Martichon voulait en venir.
— Oui, vous avez eu ce talent, mon cher
Gaillac, de fusionner ces deux cultures
qu’on disait irréconciliables. MMS est bel
et bien le fleuron de notre industrie de
produits et de services informatiques."
Golf de Raray (Oise)
"En fin de partie, le conseiller d’administration compta ostensiblement les points. L’humiliation sportive de
Gérard fut totale. Les deux hommes rejoignirent alors leurs épouses qui prenaient un thé sous les splendides plafonds polychromes du château de Raray.
— Ah, voilà nos grands sportifs ! s’exclama Trudi. Gérard chéri, Madame Martichon m’a tout appris de l’histoire de cette région. Savais-tu que le château a servi de décor pour le film « La belle et la bête » de Jean Cocteau ?
— Après la leçon de golf que je viens de recevoir, fit remarquer Gérard sur un ton amer, c’est plutôt « La balle et le bête »…
Le Château de Raray (Oise)
"Elle fit un pas, expira en baissant le torse, puis inspira
de toutes ses forces. Alors elle avança. Droit devant elle. Au premier carrefour, elle vit, tout en bas, la baie de San Francisco. La mer grise se prodiguait en reflets inquiétants, l’îlot d’Alcatraz se moquait du monde, le Golden Gate jouait avec le brouillard. Jessica dévala la pente."
Golden Gate Bridge
San Francisco, Californie, USA
photo : Jacqueline Pasquereau
San Francisco, Californie, USA
« Je réalise pleinement que la séparation entre la conception et l'exécution empêchent les salariés de réaliser une œuvre. Ici, tout doit être une œuvre. Du coup, tout devient compliqué quand on veut mettre en place la moindre bricole de modernité. Le village a ses règles ancestrales concernant la vie et la mort. L’aîné, le forgeron, le grillot, les pâtres, tous ont une place dans la société. Mais l’arrivée de l’électricité n’est pas dans la tradition orale. Je sens que mon rôle est à la fois envié, détesté et apprécié. Je suis heureux, je ne regrette rien. »
Mosquée de San (Mali)
Thomas s’attendait à une blague de mauvais goût. Il rentra la tête entre les épaules.
— Dis toujours…
— Y a un salopard qui fait des bombages sur des murs fraîchement ravalés dans le Marais !
— Qu’est-ce qu’il dit, ce bombage ?
— C’est un chat qui dit « Ni dieu. Ni maître. Ni croquettes ! ».
— Je trouve ça plutôt drôle…
— Moi pas du tout ! C’est le service technique qui doit tout effacer, tu comprends. Si ça servait au moins à quelque chose, ce truc ! Tu veux bien me dire ce qu’il a dans la tête, le trouduc qui fait ça ?
— Eh bien, les peintres font des toiles, les sculpteurs font des statues, les écrivains font des livres. Nous faisons tous des trucs pour oublier que nous allons mourir…
Pochoir, rue Vieille du Temple, Paris 4ème
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