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Alain BRON dédicace "Vingt-sixième étage" et "Le Monde d'en-bas"
Vendredi 2 et samedi 3 octobre 2015 (10h - 18h)
Espace Dewailly
3, place Louis Dewailly
80000 AMIENS
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Bibliographie d'Alain BRON :
http://alainbron.ublog.com/alain_bron_auteur/bibliographie/index.html
A propos du roman « Le monde d’en-bas »
Propos recueillis par Danièle Rousselier, historienne, écrivain et ancienne Directrice de l’Institut Français de Naples
Après « Vingt-sixième étage » qui a connu le succès que l’on sait (Prix de la Bibliothèque Nationale de France et du Fonds Handicap 2014), vous revenez au polar. Une façon de vous rassurer ?
Pas vraiment. Et pour de multiples raisons. D’une part, le polar contemporain, aux formes très diverses, s’est considérablement bonifié. La littérature noire d’aujourd’hui n’a rien à envier à la blanche. D’autre part, « Le monde d’en-bas » a été conçu avant « Vingt-sixième étage » et a dormi dans mon ordinateur près de quatre ans. Le genre polar ressurgit donc parce que qu’il y a meurtre et enquête, mais dans la construction et le style, il y a peu de différence avec un roman dit blanc. Et puis, le polar n’est-il pas un prétexte pour dire tout à fait autre chose qu’une simple intrigue policière ?
En effet, votre livre traite de l’Italie des années 70, « les années de plomb », mais on a l’impression à la lecture que l’histoire est actuelle.
C’est seulement le 22 juillet 2015 que la cour d’appel de Milan (Lombardie) a condamné à la perpétuité, deux responsables de l’attentat fasciste de Brescia qui avait fait 8 morts et une centaine de blessés en 1974. Avec cette décision, le moment de faire toute la vérité sur les “années de plomb” est arrivé, quarante ans après. Avec moins de passion, moins d’aveuglement idéologique, moins de manipulation. Reste que l’Italie de ces années-là a bel et bien constitué un champ expérimental pour la droite et l'extrême droite. L’histoire est aussi actuelle parce que le terrorisme, sous d’autres formes, est on ne peut plus actif.
D’ailleurs, vous citez Voltaire en tête de votre livre : « Toute secte, en quelque genre que ce puisse être, est le ralliement du doute et de l'erreur. ». Une clé de lecture ? Un avertissement ?
Le mécanisme psychique dans les groupes armés, de quelque obédience que ce soit, est le même. Le roman décortique l’approche de déracinement, le sentiment d’impunité, la justesse de la « cause », même devant le meurtre. L’idéologie et la religion ont cela en commun que les intégristes se confondent dans des sectes auto-justifiées et fermées au monde. Et c’est aussi un avertissement, car nulle famille ne peut se mettre à l’abri de ce phénomène. Fils, filles, jeunes en général, peuvent tomber dans le piège.
Dans le texte, on trouve des mots et des expressions en italien et en romagnol. Vous semblez bien connaître ces langues…
Non, je les baragouine, malheureusement. En fait, ma mère est née dans un petit village près de Rimini en Emilie-Romagne. Elle parlait parfaitement le romagnol, l’italien et le français. A la maison, ces trois langues cohabitaient sans problèmes. Les mots sortaient selon les circonstances dans l’une des trois langues. L’expression la plus courante chez ma mère, c’était : « Bruta bestia ! » (« Vilaine bête ! ») qu’elle criait par la fenêtre à mon adresse ou à celle de mon frère après une de nos frasques.
L’essentiel de l’intrigue se passe dans les sous-sols de Paris, comme si vous les connaissiez par cœur…
J’ai eu la chance de pouvoir visiter les sous-sols du Palais-Royal grâce à deux techniciens qui les connaissent par cœur. C’est un endroit extraordinaire, à l’échelle des projets des différents monarques qui se sont succédés sur ce site. Couloirs, galeries, alvéoles, caves, boyaux, égouts… Un véritable labyrinthe à dix mètres sous terre !
Pourquoi avoir choisi le monde souterrain ?
Le monde d’en-bas est une double métaphore. Celle de l’obscurité dans laquelle vivent les plus pauvres. Celle du monde secret des organisations illégales.
À travers une poursuite dans les profondeurs de Paris, vous posez de troublantes questions à propos de l’écriture et de l’histoire. Alors, une vie, une fois publiée, devient-elle plus vraie ?
Elle a tendance à se substituer à l’histoire vécue, avec les nombreux prismes propres à l’écrivain. L’Histoire avec un grand H ne peut pas se fier à la mémoire d’un homme, elle a besoin d’informations recoupées, vérifiées, solides. Sans cette exigence, il est très facile d’acheter son passé à bon compte en écrivant ses mémoires.
Sans vouloir dévoiler quoi que ce soit à l’extraordinaire coup de théâtre du livre, on se demande qui manipule qui.
A la lecture des nombreux textes relatant l’épisode des Brigades Rouges, j’ai été frappé de constater que cette organisation avait été pénétrée par de nombreuses organisations secrètes. Qu’on en juge : la CIA, les services secrets italiens et est-allemands, la police, la loge P2… et sans doute d’autres. Aussi, les déclarations des acteurs de ce drame, même de bonne foi, sont à prendre avec des pincettes. J’ai voulu retranscrire cette réalité dans le roman en y introduisant un mécanisme supplémentaire. Mais, chut.
Et toujours de l’humour, un style direct avec une narration entrelacée. Des influences ?
Oui, bien sûr. Quel écrivain n’a pas été influencé par d’autres écrivains ? Pour moi, c’est Poe, Allais, Garcia-Marquez, Kundera, et puis, Simenon, Japrisot, Manchette, Chase… Je ne boude pas mon plaisir aussi de découvrir de nouveaux auteurs.
Chez vous, les bons personnages ne sont pas tout à fait bons et les méchants ne le sont pas vraiment. Vous ne dénoncez pas, vous ne jugez pas.
Non, jamais. Freud montrait dès 1920 qu’être homme, c’était porter l’inhumanité dans son humanité. Par ailleurs, depuis le début de mon aventure littéraire dans le roman noir, je délaisse les truands pour mettre en scène des personnages fragiles : des enfants abandonnés, un aveugle, et cette fois une naine. La plupart du temps, ils développent des talents que les autres n’ont pas et surtout, ils font comprendre que l’humanité est diverse, plurielle.
L’épilogue est à l’image du roman : inattendu et pourtant très logique. Comme dans les nouvelles de Poe justement.
Pour l’épilogue, j'ai pensé aux petits malins, comme moi, qui ne peuvent s'empêcher de lire les dernières pages en cours de lecture. Comme s'ils devaient échapper à une fatalité ou un sort jeté par l'auteur. Eh bien, le lecteur qui s'adonnera à ce stratagème ne comprendra rien à la chute, il sera obligé de lire jusqu'au bout. Ah, oui, j'ajoute que si le roman s’intitule « Le monde d’en-bas », on n'est pas obligé de faire le poirier pour le lire.
Paris, septembre 2015
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Bibliographie d'Alain BRON :
http://alainbron.ublog.com/alain_bron_auteur/bibliographie/index.html
Dix mètres sous terre. Il se croyait à l'abri…
"Le Monde d'en-bas", Alain Bron, In Octavo éditions, 2015
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Paris - Métro Ligne 1 - Station Palais-Royal/ Musée du Louvre - photo : Alain Bron
page 12 : "Il s’apprêtait à utiliser une nouvelle clé quand il remarqua un fait étrange. La porte qui donnait sur les voies du métro était déjà ouverte. Événement rarissime. Il tira le battant et fit sortir d’abord le vieil homme, puis sa femme et enfin les deux filles. Chacun devait avancer sur une étroite passerelle pour accéder au quai de la station « Palais Royal - Musée du Louvre ». Au moment où il allait fermer la marche, Ettore se ravisa. En toute hâte, il claqua la porte et la verrouilla."
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Paris - Métro Ligne 1 - Station Palais-Royal/ Musée du Louvre - photo : Alain Bron
page 15 : "À présent, les quatre Roms occupaient ces sièges baquets mauves qui font reconnaître la station entre toutes. Ils semblaient patienter tout en discutant ferme. Parfois la mère levait les bras au ciel, parfois l’homme répondait par d’amples gestes de rejet. "
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Paris - Métro - notice de sécurité dans le métro parisien
page 16 : "Parvenu à la porte, Ettore l’ouvrit en grand et, d’un coup de poignet sec, envoya sa lampe vers les rails. L’agresseur ne vit que la lueur s’éloigner, heurta la rambarde et bascula sur la voie au moment précis où une rame arrivait.« Non scendere sui binari ! Pericolo di morte !» lança Ettore en s’échappant vers les égouts.
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Paris - Egouts
page 81 : "Il avait fallu deux bons jours pour dissuader Malavaux de partir seul dans les égouts de Paris. Berthier avait trouvé l’argument qui avait fait mouche : « On ne s’aventure pas dans la boue avec des mocassins en daim ». Malavaux s’était frotté le menton et en avait convenu. "
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Paris - Musée des égouts
page 83 : "
— C’est quoi cette grosse boule, là, sur la plateforme ? demanda-t-il d’une voix pourtant normale, mais qui semblait sortir d’un haut-parleur.
— C’est pour jouer à la pétanque ! chuchota l’un des égoutiers.
Malavaux comprit que le moindre son se retrouvait considérablement amplifié par la voûte de pierre. Il prit donc lui aussi le réflexe de parler bas.
— Très drôle…
— Non, en fait, c’est pour curer les siphons ! On l’actionne quand l’eau monte au-dessus des margelles."
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Paris - égouts
page 84 : "Malavaux commit un faux pas, se retrouva en déséquilibre et tomba dans la fange d’un trou très profond. Quand sa tête réapparut, couverte d’un liquide gluant et fétide, il souffla bruyamment, puis insulta pêle-mêle le maire de Paris, Victor Hugo, le Baron Haussmann et tous ceux qui tiraient leur chasse d’eau dans la capitale. Donc lui."
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Paris - 1er arrondissement - les toits du Conseil d'Etat
page 134 : "Ensuite, il prit un escalier dérobé, se faufila dans le hall en évitant le gardien et, sur la pointe des pieds, grimpa jusqu’au dernier étage où une échelle de coupée menait aux toits, juste en dessous de la coupole. Il ouvrit une porte métallique et, immédiatement, une bouffée d’air frais lui caressa le visage. "
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Paris - sous-sol du Palais Royal - 1er arrondissement - photo : Alain Bron
page 149 : "Sachant que son local se situait dix mètres sous terre au sud des jardins du Palais Royal, il pouvait s’y échapper par le nord, via un égout qui donnait juste en face du restaurant du Grand Vefour ; par l’est dans un boyau qui suivait la Galerie des Proues ; et par le sud, son chemin habituel, dans un étroit conduit qui aboutissait dans le collecteur principal le long de la ligne de métro 1. "
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Paris - 3ème arrondissement - Centre d'acceuil et de recherche des Archives nationales (Architecte : Stanislas Fiszer) -Salle de consultation - photo : wikipedia
page 174 : "Il arriva aux Archives Nationales, passa sous le porche majestueux, traversa la cour pavée et rejoignit la salle de lecture après avoir montré sa carte de chercheur. Il connaissait bien les gardiens et les employés, les interpellait par leur prénom, se préoccupait de leur santé, demandait des nouvelles de leurs gosses et de leur femme. En retour, le personnel le saluait par un cordial « Bonjour, Monsieur Frédéric », francisation qui flattait hautement sa capacité d’adaptation.
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Paris - 1er arrondissement - Quai des orfèvres vu du pont St Michel - photo : wikipedia
page 183 : "Malavaux travaillait dans un bureau sous le toit, au dernier étage du 36 quai des Orfèvres. Il partageait les lieux avec un autre lieutenant qui, heureusement, se trouvait le plus souvent en opération et n’encombrait pas de ce fait l’espace très exigu. "
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Paris - rue Montpensier 1er arrondissement
page 250 : "Il prit directement la rue de Montpensier et se dirigea vers le nord en localisant les plaques d’égout qu’il nota soigneusement sur son plan. Il passa devant le théâtre du Palais-Royal et ses étonnants escaliers extérieurs métalliques, puis atteignit la rue de Beaujolais qu’il remonta sur la droite, dans les odeurs de cuisine des restaurants riverains.
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Paris - 1er arrondissement - Jardins du Palais Royal - Carte postale 1900
page 251 : "Quand il y pénétra par les colonnes de Buren, il éprouva immédiatement un sentiment de privilège. Être là, déambuler là, respirer là semblait rehausser son existence. À son grand regret, il délaissa les galeries de boutiques. Il savait qu’elles abritaient des objets dont la beauté renonçait à l’ostentation détestable des nouveaux riches. La simplicité : le chic du chic pour lui. "
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Paris - sous-sol du Palais Royal - 1er arrondissement - photo : Alain Bron
page 290 : "À droite ou bien à gauche ? À l’instinct, il prit à gauche, croisa une galerie au coin de laquelle était peint en rouge le mot « ABRI », vestiges de la dernière guerre, et passa devant un soupirail qui, très haut, donnait sur un trottoir.
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Paris - sous-sol du Palais Royal - 1er arrondissement - photo : Alain Bron
page 290 : "Il remarqua une quantité de niches numérotées, de conduites et de câbles, puis s’arrêta à un nouveau carrefour. Des coursives voûtées partaient dans les quatre directions. Il se sentit désorienté. Son cœur commença à s’affoler. Panique de labyrinthe.
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Paris - 1er arrondissement - Conseil d'Etat - photo : Alain Bron
page 290 : "Il grimpa les marches quatre à quatre et se retrouva dans un hall magnifique. Colonnes de marbre, rampes de fer forgé, larges baies vitrées, dôme ovale. Le Conseil d’État.
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Paris - Place du Docteur Félix Lobligeois - 17ème arrondissement. - photo : Alain Bron
page 325 : "Vers neuf heures, Ettore et Charles sortirent de l’immeuble, enfilèrent la rue Truffaut, pour se diriger vers la place du Docteur Félix Lobligeois. Dans la rue Legendre, artère importante des Batignolles, avait lieu une animation inhabituelle. Les éboueurs bloquaient la circulation. "
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Bibliographie d'Alain BRON :
http://alainbron.ublog.com/alain_bron_auteur/bibliographie/index.html
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