Bouche à oreille n° 176 du 18 mai 2017
Rubrique « Mots sans maux »
Thème : Printemps des lavoirs
Sources : Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales (CNRTL) ; Dictionnaire historique de la Langue Française ; https://fr.wiktionary.org
Laver : du latin lavare. Le mot a donné aussi ablution, alluvion et diluer.
Lavandière : du latin lavere et andus pour désigner une femme qui lave le linge par profession
Eau : Du latin aqua, devenu au XIe siècle egua et ewe, au XIIe siècle aive, aigue, eve, puis eaue (XIIIe siècle) dont l’e final a disparu au XVIe siècle. En français, aqua se retrouve en composition, comme préfixe : agu-, agui.
aqua a formé le nom de nombreuses villes (Aix-le-Chapelle, Aix en Provence, Aigues-Mortes, Ax-les-Thermes
Ruisseau : du latin populaire rivuscellus diminutif du latin classique rivus (petit cours d’eau) qui a donné ru
Savon : Du latin saponem, accusatif de sapo, saponis « mélange de suif et de cendre utilisé par les Gaulois pour rougir les cheveux » (cf. Pline, Naturalis historia, 28, 191 ds OLD), emprunté dans toute la Romania (cf. le roumain săpun, le vegliote sapaun, l'italien sapone, le catalan sabó et l'espagnol jabón) au germanique saipôn ; cf. l'ancien haut allemand seifa, seipfa, allemand Seife « savon » et l'anglo-saxon sāpe, d'où l'anglais soap
Passer un savon : réprimander (savonnage : déjà dans Corneille 1634)
Lessive : du latin lixiva « solution cendreuse qui sert à laver ». Son concurrent : buée vient du gallo-roman bucata (lessive) a disparu, mais a donné la buée (vapeur) et la buanderie (dépendance pour le lavage du linge)
Battoir : de battre verbe issu du latin battere : « frapper à coups répétés »
Rôle social des lavoirs
Les lavoirs avaient une importante fonction sociale. Ils constituaient en effet un des rares lieux où les femmes pouvaient se réunir et discuter. L'activité de nettoyage du linge était physiquement très difficile. Aussi, le fait de la pratiquer de façon collective la rendait plus facilement supportable : les femmes pouvaient discuter entre elles, plaisanter, chanter... Des conflits surgissaient également parfois. Pour ces différentes raisons, un certain nombre de légendes (histoires d'animaux fabuleux racontés par les parents pour éviter que les jeunes enfants s'approchent de cet endroit où ils pourraient se noyer, des lavandières de nuit aux dames blanches) et de « codes » se sont développés autour des lavoirs : règles officielles relatives à leur fréquentation, interdits religieux, traditions à respecter, hiérarchie (bizutage des nouvelles, la place la plus prisée près de la fontaine est réservée d'office à la plus ancienne blanchisseuse), etc.
Avec le linge montré à toutes les femmes du village, tout se savait (les règles des femmes, les maladies, les repas, les relations sexuelles). D’où l’expression : « Laver son linge sale en famille » pour échapper aux commérages
Commère : de latin chrétien commater : marraine = « mère avec ». Dérive de sens : « personne bavarde qui colporte les nouvelles » (fin du XIIème siècle). Comme compère (parrain = père avec)
Linge : du latin linum (lin)
Sale : du francique « salo » (ce qui est terne, trouble)
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Bibliographie d'Alain BRON :
http://alainbron.ublog.com/alain_bron_auteur/bibliographie/index.html
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