RVM émission le Bouche à oreille
Rubrique : « Mots sans maux »
Sources : Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales (CNRTL) ; Dictionnaire historique de la Langue Française, pourquois.com, expressions-francaises.fr, wikipedia
Jeudi 16 novembre 2017
L’émission « Le Bouche à oreille » reçoit l’association « La petite vadrouille », compagnie professionnelle de théâtre à Senlis. http://www.lapetitevadrouille.fr/les-ateliers-dart-dramatique
Thème : Le théâtre
Dire « Merde ! » à des comédiens
Très courante dans le monde du théâtre, la pratique consistant à se dire «merde» pour se souhaiter bonne chance remonte au XIXe siècle. En effet, les spectateurs, souvent des bourgeois ou des aristocrates, se rendaient généralement aux représentations en calèches. Plus un spectacle était populaire, plus il y avait de calèches et plus le nombre de chevaux pouvant se soulager sur place était important. Entre eux, les comédiens se souhaitaient donc, sur le ton de l’humour, une forte concentration de crottin, synonyme de succès.
Cour et jardin
Dans le vocabulaire théâtral, le côté cour désigne le côté droit de la scène, vu de la salle, par opposition au côté jardin, qui, lui, désigne le côté gauche. Ces deux termes permettent au metteur en scène et aux comédiens de communiquer plus facilement que s'ils parlaient des côtés « gauche » et « droit », qui varient selon l'orientation du locuteur. Les machinistes situés à la cour sont appelés « couriers », et ceux du jardin « jardiniers ».
Ces mots viennent d'une habitude prise à la Comédie-Française, à l'époque où, à partir de 1770, la troupe était installée dans la salle des Machines du palais des Tuileries : la salle donnait effectivement d'un côté sur la cour du Louvre, et de l'autre sur le jardin des Tuileries.
Auparavant, on nommait la cour « côté de la reine » et le jardin « côté du roi », les loges de chacun se faisant face à gauche et à droite de la scène (en regardant la salle depuis celle-ci)1. Cette désignation fut abandonnée au profit de la nouvelle expression à la suite de la Révolution française
Les trois coups
Trois coups frappés pour attirer l'attention du public au début d'une pièce, particulièrement quand il y a lever de rideau. Cette tradition a deux origines :
- Certains font remonter la tradition au Moyen-Âge, où les trois coups finaux (pour la Trinité) auraient été précédés d'un martèlement souvent constitué de onze coups (les douze apôtres moins Judas). Les coups sont frappés avec un bâton dit ''brigadier''.
On a dit qu'à l'origine on donnait : un coup pour le roi, un coup pour la reine et un coup pour le public.
- Aujourd'hui, avant de lever le rideau de la Comédie-Française, on frappe 6 coups : 3 pour chacune des deux compagnies qui furent à son origine (celle de l'Hôtel de Bourgogne et celle de l'Hôtel Guénégaud qui fusionnèrent en 1680).
Acteur, actrice.
Du latin agere, agir, faire. Celui, celle qui remplit le rôle d’un personnage. Certains ont tendance à réserver ces termes au xinéma et à employer de préférence, au théâtre, comédien, comédienne.
Répétitions
- La générale
La répétition générale est la dernière répétition avant la première représentation. Elle couvre la totalité de la pièce dans les conditions de mise en scène de la représentation publique (durée, costumes, décors, son, éclairage…). Elle peut accueillir des amis, des invités, parfois la presse.
- La colonelle
C’est la répétition qui précède la générale. Dans la hiérarchie des grades militaires, le colonel est juste en dessous du général.
- Couturière.
Répétition où se font les retouches aux costumes. Par métonymie: dernière répétition avant la générale.
- L'italienne
Répétition intégrale ou partielle du texte en mode rapide. Les dialogues sont dits en accélérés, sans nécessité de tons, d’expressions et de déplacements. C’est un exercice de mémorisation du texte et plus particulièrement des enchaînements des dialogues des personnages.
- L’allemande
Répétition intégrale ou partielle des déplacements en mode rapide. Les dialogues peuvent être tronqués. C’est un exercice de mémorisation des déplacements et d’appropriation de l’espace scénique. Cette répétition est particulièrement nécessaire quand la troupe se déplace dans un nouveau théâtre.
Superstitions
- Les fleurs
Il ne faut jamais offrir de bouquet d’œillets à une actrice, en revanche les roses sont très appréciées. L'origine de cette tradition vient de ce qu'à l'époque où les théâtres avaient encore des acteurs permanents, le directeur offrait un bouquet de roses aux comédiennes dont le contrat était renouvelé. Mais pour ne pas faire de dépenses inutiles, celles qui étaient renvoyées recevaient des œillets, fleurs qui coûtent moins cher.
- Vendredi
Le mot vendredi est censé porter malheur pour les comédiens sur scène.
- Sifflet
Ne jamais siffler sur scène ou en coulisse. On prétend que cela attire les sifflets du public. En fait cette superstition viendrait de l'époque de l’éclairage au gaz. L'allumage des rampes se faisait par la veilleuse, constamment allumée. Si la flamme était éteinte, le gaz s'échappait et il y avait risque d’explosion. L'échappement libre du gaz produisait un sifflement caractéristique, d'où interdiction de siffler dans un théâtre.
- Corde
Il est interdit de le prononcer, il est remplacé par "guinde", "fil", "bout", "drisse"... Car les premiers machinistes étaient des anciens marins habitués aux treuils, poulies… Et sur un bateau, on ne prononce jamais le mot « corde ». Pour combattre les incendies, on suspendait au-dessus de la scène des seaux d'eau qu'une corde permettait de faire renverser. Lancer le cri à un moment inapproprié entraînait une inondation désastreuse, d'où l'interdiction - encore maintenue par superstition - de prononcer le mot sur scène.
- Rideau
Le mot « rideau » est aussi à proscrire d'un plateau de théâtre, car il porte malheur au même titre que le mot « corde ». On lui préfèrera le mot « pendrillon » (à l’origine une tenture mortuaire), ou encore une forme plus récente, le « taps ».
- Vert
Cela viendrait du fait qu'au XVIIIème siècle, la teinture verte qu'on employait était à base d'arsenic. Les costumes quotidiennement portés dans des conditions difficiles telles que le trac, la chaleur, la sueur et les gesticulations des comédiens auraient été source de nombreuses intoxications.
Mais aussi, le vert est la couleur que la légende prête au costume que portait Molière lorsqu'il joua pour la dernière fois « le Malade imaginaire », le 17 février 1673, quelques heures avant sa mort. On ignore d'où viennent cette légende et cette couleur verte, car le mémoire des sommes versées au tailleur qui a fourni l'habit du malade imaginaire permet de le décrire très précisément : une robe de chambre de velours « amarante », doublée de « ratine grise » et avec une bordure en fourrure (petit-gris). Mais on devine comment, une fois lancée l'idée du costume vert, la superstition a pris corps, car une autre légende, apparue quelques années après la mort de Molière et qui perdure jusqu'à nos jours malgré le démenti de tous les témoignages d'époque, prétend qu'il serait mort sur scène.
Si le "vert" porte malheur en France, c'est le "violet" en Italie, le "vert" et le "bleu" au Royaume-Uni et le "jaune" en Espagne.
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Bibliographie d'Alain BRON :
http://alainbron.ublog.com/alain_bron_auteur/bibliographie/index.html
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