RVM 93.7 émission le Bouche à oreille
Rubrique : « Mots sans maux » par Alain Bron
Sources : Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales (CNRTL) ; Dictionnaire historique de la Langue Française, pourquois.com, expressions-francaises.fr, wikipedia, expressions.fr, La puce à l’oreille (Claude Duneton)
Jeudi 20 juin 2019
Le Bouche à Oreille reçoit l’association « Créons la Coop» de Creil (Oise)
Thème : Expressions de la langue française
Ne pas être dans son assiette
De nos jours, à moins de faire du cheval ou de l'aviation, par exemple, quand on pense 'assiette', on pense généralement au plat individuel dans lequel on mange. Alors il semble assez normal de ne pas être dans son assiette car qui aurait l'idée saugrenue de s'y vautrer ?
Mais c'est oublier que l'assiette individuelle n'est entrée dans les moeurs qu'après le XVIe siècle, l'habitude étant auparavant de manger avec les doigts (ou avec la fourchette chez les riches, à partir de Louis XIII) dans le plat commun placé au centre de la table.
En effet, le mot 'assiette' a son origine liée au verbe 'asseoir'. De ce fait, un des sens du mot est, depuis 1580 chez Montaigne, la "manière d'être assis" et, pour les amoureux des équidés, la "position du cavalier sur sa monture".
Cette association du mot à une position a donné, au figuré et chez le même auteur, le sens de "état de l'esprit" ou "façon d'être".
C'est cette dernière signification qu'on retrouve dans notre expression.
Certains esprits curieux se demanderont pourquoi le mot assiette a ensuite désigné ce plat individuel. À ceux-là (les autres, arrêtez-vous de lire), je répondrai que c'est parce que, toujours en restant avec le sens de 'position' et dès la fin du XIVe siècle, le mot a désigné la situation d'un convive à une table. Par extension, le service posé à chaque place a également été appelé « assiette » avant que le mot ne désigne finalement plus que le petit plat individuel.
En tout cas, ce qu'on peut constater, c'est que lorsqu'on n'est pas dans son assiette on s'intéresse généralement peu à ce qu'il y a dedans.
Mettre le couvert
Autrefois, tous les convives d'une même tablée mangeaient dans un plat unique. Les rois et les seigneurs furent les premiers à être servis individuellement. Cependant, craignant qu'une personne malveillante ne cherche à les empoisonner, l'ordre était donné de couvrir tous les plats et boissons avant de les servir. On disait alors qu'il fallait les présenter "à couvert". De ces "couvercles", le sens s'est étendu à tous les ustensiles qui furent utilisés par la suite. Aujourd'hui, "mettre le couvert" signifie que l'on prépare la table avec des assiettes, des verres, des couteaux et des fourchettes.
Attention : ne pas confondre avec l’expression « remettre le couvert » qui signifie faire à nouveau l’amour.
Faire bonne chère
Le mot "chère" est issu de l'ancien français "chiere". Ce dernier est lui-même tiré du latin "cara", qui signifiait "visage". Par la suite, ce mot prit le sens d'"air". L'expression voulait donc dire "avoir l'air aimable, être accueillant". Le sens actuel de "bien manger" n'est apparu qu'au XVIIe siècle, sans doute à cause de l'homonyme "chair", qui représentait la viande.
S’en mettre plein la lampe
Signification : s'empiffrer ou boire beaucoup
Origine : Expression française du début du XXème siècle où le terme lampe ne fait pas allusion au procédé d'éclairage mais viendrait d'un ancien mot, lampas qui signifie gorge ou gosier. Aussi cette expression proviendrait tout simplement d'un glissement de « lampas » à « lampe ».
A gogo
Cette expression date du XVe siècle. « gogo » est une duplication plaisante à l'oreille de 'go', issu de 'gogue' qui voulait dire "réjouissance, liesse". Furetière écrivait : "A gogo se dit des choses plaisantes et agréables qu'on a en abondance. Les gens riches vivent à gogo. Il a de l'argent à gogo...". C'est de 'gogue' que viennent les mots 'goguenard' et 'goguette' encore employés de nos jours.
Bien sûr, il ne faut pas confondre l'ancien 'gogue' avec nos 'gogues' modernes qui, en argot, désignent les toilettes ("Sais-tu, Gilberte, que j'éprouve beaucoup de gogue à l'idée d'aller aux gogues ?" disait le constipé).
A tire-larigot
Cette expression semble apparaître au début du XVIe siècle et n'était associée à l'époque qu'au verbe 'boire'.
Ici, tirer veut dire "faire sortir un liquide de son contenant" (donc du vin de sa bouteille ou de son fût, par exemple).
A tire voulait dire "sans arrêt, d'un seul coup".
Reste à comprendre le pourquoi du larigot.
Mais là, l'origine reste controversée.
La seule certitude, c'est que cette chose était une petite flûte.
L'expression vient-elle du fait que les flûtistes avaient, depuis très longtemps, la réputation d'être de grands absorbeurs de liquides variés ?
Vient-elle d'un amalgame avec l'ancienne expression "flûter pour le bourgeois" qui voulait dire "boire comme un trou" ?
Ou bien a t-elle des sous-entendus paillards, très répandus à l'époque, où on imagine bien ce que pouvait désigner 'tirer sur une flûte' (d'ailleurs, la 'turlute' est une abréviation de 'turlututu' qui était aussi une flûte) ?
A moins qu'on ait simplement comparé à une flûte la bouteille de laquelle le soiffard tire le liquide en quantité ?
Cette absence de certitude sur l'usage de ce mot ne permet pas non plus d'expliquer pourquoi c'est le larigot qui a été privilégié dans l'expression qui aurait aussi bien pu être à tire-flûte ou bien à tire-pipeau, par exemple.
Voici maintenant une autre explication, issue du Larousse du XXe siècle : « Dans la cathédrale de Rouen se trouvait une très lourde cloche nommée 'La Rigaud' ou 'La Rigaude' (selon certains, parce qu'offerte à la ville par l'archevêque Eude Rigaud au XIIIe siècle). En raison de ses dix tonnes, elle était extrêmement difficile à mettre en branle et à faire sonner. Ses sonneurs étant très vite assoiffés par l'effort intense à fournir sur les cordes, ils devaient vite boire 'à tire la Rigaud', qui se serait ensuite transformé en tire-larigot. »
**************************************************************************************************************
Diffusion : jeudi à 19h00 - dimanche à 18h00 - lundi à 01h00 et mardi à 10h00
**************************************************************************************************************
Bibliographie d'Alain BRON :
https://alainbron.ublog.com/alain_bron_auteur/bibliographie/index.html
et on peut en boire une lampée !!!! j'en ai pris de grappa et de malvoisie à ta santé je rentre des iles éoliennes et si je n'ai pas de téléphone, j'ai enfin un peu de communication internet bonne journée je serai a paris le 8 juillet pour déménager ....
bises claude
Rédigé par : fenix | 28/06/2019 à 15:25