RVM 93.7 émission le Bouche à oreille
Rubrique : « Mots sans maux » par Alain Bron
Sources : Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales (CNRTL) ; Dictionnaire historique de la Langue Française, pourquois.com, expressions-francaises.fr, wikipedia, expressions.fr, La puce à l’oreille (Claude Duneton), expressio.fr
Jeudi 31 octobre 2019
A propos de l’Association Vie libre ([email protected])
Vivre
Du moyen français vivre, de l’ancien français vivre, du latin vīvere (« être vivant » mais aussi « passer sa vie de telle ou telle manière »)
Libre
Du latin lībĕr (« libre », « sans entrave », « indépendant »)
Au moyen âge, « libre » signifie « qui n’appartient à aucun maître »
Addiction
Le terme addiction est d'étymologie latine, ad-dicere « dire à ». Dans la civilisation romaine, les esclaves n'avaient pas de nom propre et étaient dits à leur Pater familias. Le terme d'addiction exprime une absence d'indépendance et de liberté, donc bien un esclavage.
Selon l'étymologie addictus qui, en bas latin, signifie « adonné à », ce terme était utilisé en droit romain pour désigner la situation du débiteur qui, incapable de payer ses dettes, se trouvait « adonné » à son créancier. Ce dernier avait alors le droit de disposer entièrement de sa personne comme d’un esclave. Il s’agit, en quelque sorte, de la contrainte par corps.
Alcool
(XIVe siècle) De l’arabe kohl (« très fine poudre [d’antimoine] »), passé à l’espagnol alcohol (« antimoine ») attesté dès 1278 → voir al- et khôl pour les étymons du mot espagnol qui explique la variante alcohol et les sens désuets de « stibine, poudre très fine ». L’arabe (al) khul au sens de « alcool » est un emprunt aux langues européennes. L’évolution de alcohol du sens de « élément très fin et très pur » à celui de « essence obtenue par distillation, esprit-de-vin » serait due à Paracelse.
Alambic
(Vers 1270) Via le latin médiéval alembicus, de l’arabe al-anbīq (« chapiteau d’une cornue »), emprunté au gréco-latin ambix, (« chapiteau de la cornue »). Le passage par un intermédiaire espagnol alambique est discuté.
Boire
(Verbe) De l’ancien français bevvre (Xe siècle), beivre, boivre, du latin bĭbĕre (« boire »). Le radical bev- (bevons, bevez, bevant) est devenu beuv- puis buv- par labialisation. beuv- a été conservé dans beuverie.
1180-1185 « prendre des boissons alcoolisées »
Au XIIè siècle le mot apparaît dans le contexte religieux (l’eucharistie)
Le mot a donné aussi « déboire » (l’arrière goût désagréable que laisse une boisson) d’où la notion de déconvenue
Vin
(Xe siècle) Du latin vīnum
Pourquoi les bouteilles de vin font-elles 75cl ?
Tout le monde sait ça, hein ! D'où vient cette exception ?
La contenance de la bouteille de vin a été standardisée au 19e siècle et depuis les théories les plus folles sont nées de cette mesure singulière.
Cela correspondrait à :
• La capacité pulmonaire d'un souffleur de verre
• La consommation moyenne lors d'un repas
• Une meilleure façon de conserver le vin
• Une facilité de transport.
La réponse n'est dans aucune de ces théories, et encore moins dans la législation française ou européenne
Il s'agit simplement d'une organisation pratique et historique.
À cette époque, les principaux clients des viticoles français étaient les Anglais.
Mais nos voisins britanniques n'ont jamais eu le même système de mesure que nous.
Leur unité appelé "gallon impérial" valait précisément 4,54609 litres .
Pour éviter un casse-tête dans la conversion, ils transportaient le Bordeaux en barriques de 225 litres, soit 50 gallons, en arrondissant.
Et 225 litres correspondent à 300 bouteilles de 75 centilitres.
Or 300 est un chiffre plus aisé pour faire des calculs que 225.
On avait donc : 1 barrique = 50 gallons = 300 bouteilles.
Ainsi un gallon valait 6 bouteilles.
C'est d'ailleurs pourquoi, aujourd'hui encore, les caisses de vin sont la plupart du temps vendues par 6 ou 12 bouteilles.
Saoul
(1265) Du latin satullus, de satur (« rassasié »), qui a donné saoul, puis soûl et enfin soul.
D’où l’expression boire, manger tout son soul (rassasié)
Le mot dérive vers la notion d’ivresse.
Ivre
(1140) Du latin ēbrĭus, de même sens (qui a bu trop de vin, d’alcool) -> ébriété
opposé à sobrius (qui n’a pas bu) -> sobriété
Cure
Du latin cura (« soin, surveillance »)
Ca 1050 n'en aveir cure « ne pas s'en soucier »
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Diffusion : jeudi à 19h00
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Bibliographie d'Alain BRON :
https://alainbron.ublog.com/alain_bron_auteur/bibliographie/index.html
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